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imprimer cette pageLa géobalade en 13 étapes :
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page 10Au col des Trois Fontaines, les serpentinites

 A partir du col des Trois Fontaines, suivre le chemin qui contourne le Manqué en se dirigeant vers le col de la Botte, tout proche. Immédiatement à gauche en s'engageant sur cet itinéraire, les cailloux qui jonchent le sol attirent le regard, compacts, vert pétrole à vert noirâtre : bien entendu, l'œil exercé que vous possédez a immédiatement identifié en eux des serpentinites ! Non moins évidemment, vous ne manquez pas de vous interroger sur l'origine de ces roches.


Des roches vert-sombre : des péridotites “serpentinisées” par le métamorphisme.

L'examen montre que cette roche est homogène, sans grain visible à l'œil nu ni même avec la classique loupe du pétrographe.

roche verte

Un bloc de "roche verte" près du lac Achard (hors parcours)

peridotites serpentinisees

Sans entrer dans le détail des considérations qui ont conduit à cette conclusion (pour cela, consulter la fiche “ophiolites”), il est établi que ces serpentinites se sont formées au niveau d'un fond océanique apparu dans la première partie de l'ère primaire, en réponse à un étirement préhercynien de la croûte continentale, lors du cycle calédonien (voir l'histoire géologique de Belledonne à l'ère primaire). La voilà, la grande sensation de la balade : vous êtes en train de fouler un lambeau de croûte océanique (plus précisément un pan de manteau lithosphérique) vieux de 500 millions d'années !

Si vous en doutez, consultez donc la carte géologique simplifiée de ce secteur. Elle indique clairement que ces roches font partie d'une trilogie, à savoir péridotites serpentinisées/métagabbros/amphibolites (ex-basaltes), selon une disposition en sandwich :

i) au centre, un ruban de péridotites serpentinisées. Ce sont précisément les roches que vous venez d'observer. Pour mémoire, la “serpentinisation” consiste en une altération hydrothermale des péridotites, altération qui intervient lors des phases finales de la cristallisation d'un magma  ultrabasique, ou dans un stade encore plus tardif, selon le schéma :

olivine   + eau   ---------> serpentine +  brucite
(silicate ferromagnésien)  ---->   (silicate de magnésium hydroxylé) + (hydrate de magnésium)

En quelque sorte, il s'agit d'un métamorphisme de nature hydrothermale, autoinduit, qu'il convient de distinguer des autres formes de métamorphisme, métamorphisme général ou métamorphisme de contact (voir la fiche “repères du métamorphisme”).
La serpentine qui résulte de ce processus forme, avec des oxydes de fer, la roche appelée serpentinite.

ii) deux bandes de gabbros jouxtent latéralement ce cœur de serpentinites.

iii) enfin, les gabbros sont eux-mêmes flanqués d'un cordon externe d'amphibolites, lesquelles résultent de la transformation de basaltes, lors d'un épisode de métamorphisme qui est intervenu beaucoup plus tard, au Carbonifère.

La trilogie rencontrée à Chamrousse est la signature indubitable d'un complexe ophiolitique, un ensemble du type de ceux que l'on trouve associés à l'ouverture d'un fond océanique dans des contextes de dorsales océaniques ou de bassins arrière-arc. Les différents éléments constitutifs de ce complexe représentent les tranches superposées d'un ancien plancher océanique, notamment des fragments exhumés d'une paléocroûte océanique, mais aussi un morceau du manteau supérieur, comme il est rappelé dans la fiche  “ophiolites”.

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