A l'Aiguille, spilites et panorama
Au premier plan, nous voyons la butte cotée 1873 |
Au sommet de l'Aiguille, on peut consulter deux panneaux introductifs aux centres d'intérêt qu'offre la visite : d'une part, l'observation d'une particularité pétrographique sur le site même et, d'autre part, la contemplation d'un instructif panorama.
Présence de spilites
Lorsque le regard se porte vers le sol de l'Aiguille, il y découvre des morceaux de roche volcanique : spilites grisâtres, reconnaissables aux pustules blanchâtres qui parsèment leur surface. L'origine de ces roches n'est pas contestée. On sait que ce sont originellement des basaltes, c'est-à-dire des assemblages silicatés de pyroxènes et de feldspaths calciques noyés dans une pâte, et que les pustules claires sont de petits îlots de calcite (carbonate de calcium). L'origine de la calcite constitutive des pustules est plutôt incertaine. S'agit-il de carbonates présents dans le magma profond ou de carbonates provenant de sédiments sus-jacents, à moins qu'il ne s'agisse de carbonates dérivant d'une réaction hydrothermale des feldspaths avec l'eau de mer ? Pour plus de détails, on se reportera à la fiche spilites.
La présence de spilites à l'Aiguille, au niveau des roches sédimentaires triasiques, signifie que Chamrousse a connu au Trias un petit épisode volcanique. Les spilites se sont formées lorsque le supercontinent qui existait à la fin de l'ère primaire, vers 230 millions d'années - la Pangée -, a commencé à s'étirer (une phase de distension qui a eu pour effet d'amincir la croûte continentale) et à se disloquer, laissant apparaître des fissures, lesquelles donnèrent naissance à des manifestations volcaniques. La poursuite de ce phénomène va entraîner à la fin du Jurassique la cassure de cette croûte continentale et la mise en place d'une croûte océanique en association avec l'océan alpin, croûte dont l'existence est manifestée entre autre par les spectaculaires ophiolites du Chenaillet, près de Briançon.
Un échantillon de spilite. |
Evocation de la pénéplaine finihercynienne
De façon surprenante, la pénéplaine finihercynienne se lit dans la topographie, comme on peut s'en rendre compte en observant les étendues sommitales de la Grande Lance de Domène, du Grand Colon et du Taillefer, mais aussi la croupe de Chamrousse. A l'image de cette dernière, qui s'abaisse de la Croix de Chamrousse jusqu'à Roche Béranger, tous ces sommets présentent une surface aplanie, inclinée en pente douce vers l'ouest. Ainsi, il s'avère que la pénéplaine finihercynienne n'a pas été déformée substantiellement lors du soulèvement ultérieur des Alpes (Belledonne a été porté en altitude par un soulèvement d'âge alpin récent), mais seulement soulevée en bloc et faiblement déversée vers l'ouest. Bref, la pénéplaine finihercynienne est de nos jours encore bien présente dans le paysage chamroussien. Pour plus de détails sur l'histoire géologique de Chamrousse et de Belledonne, se reporter au panneau annexé.
Vue panoramique schématique vers les massifs cristallins externes, depuis le site de la Bastille, à Grenoble ( d'après Gignoux et Moret ).
Avant de quitter l'Aiguille, vous pouvez être tentés de faire un tour d'horizon panoramique.